Cafouillage professionnel
Hier soir avait lieu au collège une réunion d'information sur l'orientation en fin de troisième. Lors de cette réunion nous a été présenté le nouveau Bac professionnel en trois ans. Vous ne savez pas de quoi il s'agit, rassurez vous, vous n'êtes pas les seuls, c'est la grande confusion dans toutes les instances de l'enseignement professionnel.
Comme la semaine des quatre jours pour l'école primaire, l'annonce de ce Bac Pro en trois ans a été faite par Darcos de façon plutôt inattendue lors d'un discours sur l'enseignement professionnel à Chalons. Certes, des expérimentations ont été menées, en particulier à Rompsay, mais sans conclusions probantes.
Je vous résume l'idée défendue : pour valoriser le bac professionnel, à la demande des entreprises, il faut l'harmoniser avec le bac général et technologique, donc l'organiser sur trois ans. Jusqu'à maintenant, le bac professionnel était organisé sur deux ans (première et terminale) et était accessible pour les BEP. Organiser le BAC PRO n'est pas une mauvaise idée, comme l'indique la Fcpe dans un communiqué. Sauf que là, elle s'accompagnerait de la suppression d'un grand nombre de BEP. En résumé, au lieu de préparer le Bac Pro en quatre ans (deux années de Bep + deux années de Bac pro), il serait proposé en trois ans. L'accès serait donc limité aux élèves éligibles à la seconde et écarterait les élèves qui ont besoin d'un temps plus long pour accéder au Bac. Ceux là, et bien on les dirigea vers des Cap, adieu le cursus long.
Car, et tous les éducateurs, profs comme parents le savent, le temps d'apprendre et de comprendre n'est pas le même pour tous les enfants. Avec un système pareil, on coupe des passerelles aux enfants plus lents dans l'apprentissage. De même, le temps d'apprendre n'est pas linéaire, surtout à l'adolescence. Des soucis, des perturbations peuvent un temps déconnecter l'élève de l'école, sans que pour autant il en soit devenu réfractaire à vie à l'école. C'est important d'avoir constamment des portes ouvertes pour réintégrer un cursus scolaire long. On voit souvent des élèves qui arrivent en Bep un peu largués vis à vis de l'école, et qui petit à petit reprennent goût à apprendre, à progresser. Ils continuent ensuite en Bac Pro, en Bts et parfois en licence professionnelle (si, si, j'en connais) et ce sont souvent les parcours les plus riches pour l'avenir dans le milieu du travail.
Ce que l'on voit poindre aussi, c'est un système à deux vitesses : les élèves "nuls" allez hop, vers le CAP, smicards à vie ou presque. De l'autre les élèves qui suivent et qui capteront tous les cursus qui mènent à des emplois qualifiés. Et derrière la notion de "nuls", rôde le spectre des inégalités sociales. C'est complètement contradictoire avec un accès égal à l'éducation pour tous et avec les dispositions européennes de la stratégie de Lisbonne pour le développement de la société du savoir.
Les conséquences de ce Bac Pro en trois ans sont multiples : suppressions de filières, de voies d'orientation, de postes d'enseignants. Nous avons encore du mal à les évaluer étant donnée la précipitation de l'annonce. Rien n'a été discuté, bref c'est une mesure anti démocratique. Les lycées d'enseignement professionnel et de l'enseignement agricole sont sous le choc, des lycéens organisent des protestations. Mais, l'enseignement professionnel est trop méconnu pour que la mesure ait de l'écho dans les médias.
Voilà, je voulais vous faire partager mon effarement.
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter le Café Pédagogique du 27 novembre :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2007/11/27112007Accueil.aspx
Mona
Comme la semaine des quatre jours pour l'école primaire, l'annonce de ce Bac Pro en trois ans a été faite par Darcos de façon plutôt inattendue lors d'un discours sur l'enseignement professionnel à Chalons. Certes, des expérimentations ont été menées, en particulier à Rompsay, mais sans conclusions probantes.
Je vous résume l'idée défendue : pour valoriser le bac professionnel, à la demande des entreprises, il faut l'harmoniser avec le bac général et technologique, donc l'organiser sur trois ans. Jusqu'à maintenant, le bac professionnel était organisé sur deux ans (première et terminale) et était accessible pour les BEP. Organiser le BAC PRO n'est pas une mauvaise idée, comme l'indique la Fcpe dans un communiqué. Sauf que là, elle s'accompagnerait de la suppression d'un grand nombre de BEP. En résumé, au lieu de préparer le Bac Pro en quatre ans (deux années de Bep + deux années de Bac pro), il serait proposé en trois ans. L'accès serait donc limité aux élèves éligibles à la seconde et écarterait les élèves qui ont besoin d'un temps plus long pour accéder au Bac. Ceux là, et bien on les dirigea vers des Cap, adieu le cursus long.
Car, et tous les éducateurs, profs comme parents le savent, le temps d'apprendre et de comprendre n'est pas le même pour tous les enfants. Avec un système pareil, on coupe des passerelles aux enfants plus lents dans l'apprentissage. De même, le temps d'apprendre n'est pas linéaire, surtout à l'adolescence. Des soucis, des perturbations peuvent un temps déconnecter l'élève de l'école, sans que pour autant il en soit devenu réfractaire à vie à l'école. C'est important d'avoir constamment des portes ouvertes pour réintégrer un cursus scolaire long. On voit souvent des élèves qui arrivent en Bep un peu largués vis à vis de l'école, et qui petit à petit reprennent goût à apprendre, à progresser. Ils continuent ensuite en Bac Pro, en Bts et parfois en licence professionnelle (si, si, j'en connais) et ce sont souvent les parcours les plus riches pour l'avenir dans le milieu du travail.
Ce que l'on voit poindre aussi, c'est un système à deux vitesses : les élèves "nuls" allez hop, vers le CAP, smicards à vie ou presque. De l'autre les élèves qui suivent et qui capteront tous les cursus qui mènent à des emplois qualifiés. Et derrière la notion de "nuls", rôde le spectre des inégalités sociales. C'est complètement contradictoire avec un accès égal à l'éducation pour tous et avec les dispositions européennes de la stratégie de Lisbonne pour le développement de la société du savoir.
Les conséquences de ce Bac Pro en trois ans sont multiples : suppressions de filières, de voies d'orientation, de postes d'enseignants. Nous avons encore du mal à les évaluer étant donnée la précipitation de l'annonce. Rien n'a été discuté, bref c'est une mesure anti démocratique. Les lycées d'enseignement professionnel et de l'enseignement agricole sont sous le choc, des lycéens organisent des protestations. Mais, l'enseignement professionnel est trop méconnu pour que la mesure ait de l'écho dans les médias.
Voilà, je voulais vous faire partager mon effarement.
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter le Café Pédagogique du 27 novembre :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2007/11/27112007Accueil.aspx
Mona
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 7 autres membres